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- Créé le mardi 6 janvier 2015 18:03
- Mis à jour le vendredi 5 novembre 2021 06:25
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Le silence du temps
Ballet lyrique en un acte
Dans la salle comble sous la voûte des anges musiciens, l'éclairage s'affaiblit, puis disparaît et le rideau se lève sur la trame de l'imaginaire au moment où, dans un demi-jour violet, évoluent au milieu des horloges sans cadran des personnages d'autrefois ou modernes et désarticulés, les un et les autres aussitôt disparus, on se sait pas comment, quand dans un cercle de lumière, la musique de l'orchestre amène sur des pointes la belle Plethora ; dans ses voiles, par sa danse ondoyants, elle ausculte les horloges qui ont perdu les heures, les minutes et les tic-tac.
Un chœur ancien sortant des coulisses se désole en traversant :
Où est donc le temps ? Où est donc le temps ?
Toujours dans ses voiles ondulants, commence le voyage de la belle Plethora à la recherche, tableau après tableau, du Maître du temps. Bientôt elle rencontre les minutes en rondes concentriques de petits rats ; et, comme dans le domaine du temps ce sont les petits qui enfantent les plus grands, les minutes font apparaître, toujours en tournant, des danseuses qui sont les heures et des danseurs qui sont les mois ; leurs fusions chorégraphiques matérialisent à leur tour les années, aussitôt filant et bientôt réunis en assemblée de vieux siècles vénérables, que préside, hiératique, le majestueux Intempora, insensible sur son trône aux supplications en admirable aria de la belle Plethora.
Retour de voyage de la triste Plethora, ramenée par ses voiles sans cesse au vent, et effondrement pathétique au pied des horloges toujours sans leurs heures, sans leurs minutes et bien sûr sans leur tic-tac, quand, en émanations holographiques, ses pensées remplissent l'espace de créatures indéfinissables que le chœur ancien déchiffre en traversant dans l'autre sens :
souvenirs ou présages, comment le savoir,
si rien ne sépare l'après de l'avant ...
L'intensité du moment éclate en acclamations et applaudissements et quand nous quittons la salle à nouveau illuminée et gagnons la sortie par le grand escalier, légers, encore flottants, nous trouvons dans nos montres, un peu à regret, la réponse du temps.
janvier 2015
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