Assonance et Allitération

 

alliteration

Je déjeune souvent à L’Auberge de l’Aubergine.

Quelle idée, quel nom !

C’est que le menu propose une collection de plats exclusivement à base d’aubergines : Rania, Clara, ou Ronde de Valence, Sfumata di Rosa, Listada de Gandia, la comique de Chine, ou l'élégante de Barbentane. D'où naissent des soufflés, sauces ou caviars, moussakas, gratins, clafoutis, tartes, tourtes ou tourtières, tous parfaitement exécutés par l’aubergiste et, en dessert, confitures, compotes ou compotées, si savamment élaborés, qu’on en oublie le légume.

Ces délices résultent non seulement d’un affrontement permanent de l’aubergiste et de l’aubergine, mais possèdent, curieusement, une origine littéraire.

Car la vocation est venue à l’aubergiste de la lecture d’un conte : L’auberge de l’aubergine, signé Odon Odéon. Lequel poussé par la curiosité vint un jour à l’auberge ; cet homme à l’esprit imaginatif, s’était inspiré à son tour, pour écrire son récit, de l’allitération amusante qui résulte de l’association auberge et aubergine. À moins qu’il ne s’agisse d’une assonance, j’ai un doute. Peu importe : de cette seule association s’est mise à émerger, comme par émanation proustienne, vivante et animée, une auberge avec son aubergiste, ses clients, ses marmites odorantes, et je me vois à table avec Odon Odéon, car je nous ai inventés dans les ondulations magiques des exhalations fumantes.

  

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