La Migraine

 

 

J'ai hérité par la branche maternelle de ma famille de la migraine, sous une forme heureusement pas trop méchante, mais quand même. Oubliée pendant quelques mois, elle revient soudain, en général, je dois dire, par l'action de quelque écart alimentaire, et des médicaments m'en délivrent en un temps variable entre une heure et une bonne demie journée.

Dans mon double refuge de lit et de pénombre, ma pauvre tête n'arrive pas à se reposer et au contraire, elle ne peut pas se soustraire à des pensées angoissantes diverses, seules atténuées par la conscience de ma bonne fortune d'être née à une période suffisamment développée de la Science médicale. Mais alors, et sans décidément pouvoir se reposer, mon esprit s'inquiète des époques d'autrefois avec leur somme de souffrances, plus effroyables à mesure qu'on s'éloigne dans le temps. Impuissants jusqu'à seulement il y a un siècle en matière de migraine, je remercie à nouveau les progrès actuels de la médecine.

Cette dialectique m'amena lors de ma dernière crise directement vers des temps moyenâgeux si redoutables, si désemparés de la déesse Pharmacopée. La chose prit soudain un tour singulier. Dans une vaste chambre d'un château gothique, affaissée sur un lit à baldaquin, à côté d'un fauteuil Dagobert authentique et non pas la copie ressemblante que j'ai dans mon salon, en tenue d'époque et long chapeau pointu de fée, je tenais entre mes mains ma tête endolorie alors que l'on pouvait voir par les vitraux magnifiques de la fenêtre, sur les murailles, un beau chevalier venu de loin combattre pour moi l'Ogre de la Migraine, lequel devant pareils courage et détermination finit, quoique lourdement, par prendre la fuite à travers champs. Et mon sauveur venu aussitôt me rejoindre, me trouva, d'un sommeil serein et apaisé, en train de dormir.

 mai 2011

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