Au crayon

 

 

Je reprends volontiers et assez souvent mes anciennes lectures littéraires et j'y retrouve, exclusivement au crayon, mes soulignés d'époques très diverses. Il y a parmi ces soulignés ceux que je ne comprends plus, comme si quelqu'un d'autre, que j'ai connu mais que j'ai perdu de vue, les avait inscrits. Il y a ensuite, et tout au contraire, ceux que je comprends parfaitement et que j'inscrirais maintenant, dix, vingt, trente, quarante et même cinquante ans après ; ceux-ci semblent répondre à deux critères différents : j'ai souligné selon un premier critère les passages qui sont des rendus particuliers d'un contenu universel qui les dépasse, ce qui est la définition même de la bonne littérature, si bien que je me demande si tous ces passages ne pourraient pas se détacher et s'organiser ensemble en un texte unique cohérent et significatif ; j'ai souligné aussi, et selon un deuxième critère, des passages simplement pour leur musique. Il y a enfin les soulignés qui s'ajoutent, à chaque lecture, sur des passages qui dans les intervalles se sont mis à vouloir me dire quelque chose ou à interpréter pour moi des nouvelles partitions.

De quoi parlent ces tracés ? Ils m'inspirent la croyance que, se détachant des mots, s'échappant des livres, ils s'additionnent ensemble dans une dimension idéale, par l'œuvre d'un crayon imaginaire qui dessine le fil conducteur qui reliera toutes mes vies.

 

mars 2011 

 

 

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